Notre tournée d’été 2019 nous a conduite pour la deuxième année consécutive au Festival Radio France Montpellier Occitanie. Nous y avons donné 3 concerts au Corum de Montpellier, à Saint-Georges d’Orques et à Murviel-lès-Montpellier. Le 1er concert, au Corum, nous a valu une belle critique chez ResMusica (Cécile Glaenzer) – que vous pourrez lire plus bas. Notre aventure se poursuit dans le sud de la France des Sérénades en Baronnies au Festival de Musique Ancienne de Callas.
MONTEVERDI PAR COMET MUSICKE : PETIT EFFECTIF ET GRAND TALENT (ResMusica – Cécile Glaenzer)
Remarqué en 2017 au festival Sinfonia en Périgord (où il a remporté le prix Jeune Talent), le jeune ensemble Comet Musicke est l’invité du Festival de Radio France Occitanie Montpellier pour trois concerts itinérants.
C’est à la salle Pasteur du Corum de Montpellier que nous avons découvert leur programme original, mêlant des pièces de Monteverdi et de ses contemporains à deux créations de compositeurs d’aujourd’hui.
Les cinq musiciens de Comet Musicke cassent les codes avec bonheur : entrée en musique en traversant le public, jeu de scène humoristique pour un concert-biographie qui nous raconte la vie de Monteverdi, violes jouées debout (posées sur un tabouret)… Et surtout, des musiciens tour à tour chanteurs, récitants, multi-instrumentistes, qui passent d’un art à l’autre avec beaucoup de naturel. Ponctuant le récit de la vie du père de l’opéra, des extraits des plus grandes œuvres de Monteverdi s’enchaînent avec une belle cohérence. Deux créations contemporaines s’insèrent parfaitement dans ce programme : une pièce de Sylvain Morizet (Dolcissimo Uscignolo) et l’Ego flos campi de Christopher Gibert qui fait écho au motet éponyme de Monteverdi, dans lequel la phrase musicale s’étire entre les notes tenues des violes et du cornet.
La polyvalence des musiciens permet de proposer au public des raccourcis d’opéras faits d’extraits minimalistes où l’essentiel est respecté. Ainsi, la toccata initiale de l’Orfeo de Monteverdi est jouée à quatre et fait beaucoup d’effet. Le dialogue de L’Euridice de Peri, chanté avec le seul accompagnement de la basse de viole d’Aude-Marie Piloz qui réalise les accords du continuo, nous rappelle que la viole est un instrument polyphonique. Le Duo Seraphim des Vêpres de Monteverdi est un autre moment d’émotion : deux violes, deux violons, deux chanteurs (dont l’un joue en même temps la viole), et tout est là. La belle voix de ténor de Francisco Mañalich fait preuve d’une grande sensibilité et d’une technique très sûre dans les extraits de l’Orfeo. Quant à la mezzo-soprano Marie Favier, à la belle présence scénique, elle sait nous émouvoir dans le célèbre Lamento d’Arianna, malheureusement raccourci ; et elle est particulièrement bouleversante dans l’air Adio Roma de l’Incoronazione di Poppea.
Passer d’un instrument à l’autre, chanter en s’accompagnant à la viole ou à la guitare : ces cinq jeunes musiciens s’appuient sur une technique si solide qu’ils donnent l’impression que tout cela est facile à réaliser. C’est là le summum de l’art.
(Montpellier. Festival de Radio France Occitanie Montpellier. Salle Pasteur, le Corum. 16-VII-2019. Œuvres de Claudio Monteverdi (1567-1643), Marco Antonio Ingegneri (1535-1592), Sylvain Morizet (né en 1982), Adriano Banchieri (1568-1634), Jacopo Peri (1561-1633), Orlando di Lasso (1532-1594), Christopher Gibert (né en 1993). Ensemble Comet Musicke : Francisco Mañalich, ténor, viole de gambe et guitare baroque ; Marie Favier, mezzo-soprano et récitante ; Aude-Marie Piloz, viole de gambe ; Cyrille Métivier, violon et cornet ; Camille Rancière, violon, alto et chant)