La semaine du 10 février 2020 a valu à notre double disque Quinze d’être élu « Le Disque de la Semaine » par le site spécialisé Concertclassic.com :
« QUINZE » : Binchois et Ockeghem par Comet Musicke (Son An Ero) – LE DISQUE DE LA SEMAINE – Compte rendu (Concertclassic.com – Alain Cochard)
« Quand on n’a pas les moyens de se payer des voyages, il faut y suppléer par l’imagination », affirmait Debussy. S’agissant des voyages dans le temps, la musique demeure l’un des meilleurs passeports. Envie d’une balade au XVe siècle ? Précipitez-vous sur le double album Binchois-Ockeghem que signe l’ensemble Comet Musicke ! On est d’autant plus heureux de saluer la réussite de cette anthologie de chansons polyphoniques de deux figures majeures de la musique franco-flamande qu’elle constitue le tout premier enregistrement d’un jeune ensemble formé en 2017 autour de Francisco Mañalich, directeur artistique, ténor et instrumentiste, autant à son aise dans le rôle de chanteur qu’à la vièle ou à la viole.
Couronné par le Festival Sinfonia en 2017, dans le cadre de sa série « Jeunes Talents » (comme toujours très avisée), Comet Musicke a été très remarqué l’an passé au Festival Radio France Montpellier Occitanie. Avec une formidable présence scénique, les musiciens ne se contentent pas de jouer un vaste répertoire, du Moyen Âge au débuts du baroque ; ils le font littéralement revivre. Six siècles nous séparent des créations de Gille de Bins, dit Binchois (vers 1400-1460), musicien qui, très tôt, bénéficia d’une belle reconnaissance (il était en activité à la Cour de Bourgogne dès la fin des années 1420), mais avec Comet Musicke les compositions de celui que l’on a surnommé le « Père de joyeuseté » ce ne sont pas des curiosités historiques que l’on admire sur une étagère de musée, mais une musique revivifiée et rendue pleinement sensible par l’investissement et l’art des interprètes dans ce qu’il définissent comme un « portrait profane [du] siècle quinze porté par 15 voix et instruments » . Des instruments auxquels F. Mañalich et son équipe réservent un rôle essentiel ; mêlés aux timbres vocaux ils apportent une chaleur et un relief irremplaçables à des pages célébrant la femme, le désir et l’amour de la belle.
Dans la même optique interprétative, et pas moins convaincant, le second disque rassemble neuf chansons de Johannes Ockeghem (vers 1410-1497), musicien marqué par l’art de Binchois dont la mort lui inspira une émouvante déploration (« Mort tu as navré de ton dart »). Josquin des Prez (vers 1440-1521) est de ceux qui ont fait entrer la musique dans l’ère de la Renaissance. Il admirait Ockeghem, un « vrai trésorier de la musique » dont il a douloureusement chanté la mort dans « Nimphes des bois déesses des fontaines », pièce qui referme d’admirable façon un précieux album, soigneusement édité par Son an Ero.
Quant à l’actualité des concerts de Comet Musicke, il faudra patienter jusqu’à l’été pour retrouver l’ensemble, mais les occasions ne manqueront pas alors de prendre la mesure de son répertoire et de son talent.