Le Festival de Ribeauvillé avait proposé à Comet Musicke d’être « en résidence » durant le début de cette édition 2023 du festival. Quatre jours sur place, un concert en EHPAD à Ribeauvillé, un concert précédé d’une promenade en musique (programme Las Trés Marias) à Dusenbach (cf. article de journal des Dernières Nouvelles d’Alsace ci-dessous), puis pour finir un concert à Guémar avec C. Monteverdi – Le roman d’une vie, là-même où nous avions pu il y a 2 ans maintenant jouer notre programme D. Ortiz – Caleidoscopio en partenariat avec l’AMIA Alsace. Nous revenons toujours avec très grand plaisir dans cette si belle région !
Les Trois Marie ouvrent le Festival de Musique Ancienne (DNA – Bernard Fruhinsholz)
Pour le premier concert de sa 38e édition, le festival de musique ancienne -aujourd’hui Festival de Ribeauvillé- s’est installé samedi 17 juin en fin de journée sur le site préservé de l’abbaye de Dusenbach… rejoint à pied par nombre d’auditeurs.
Après avoir officié pour un accueil en musique sur l’esplanade de l’abbaye de Dusenbach avec quelques mélodies de Claudio Monteverdi, les membres de l’ensemble Comet Musicke, dirigé par le chanteur et gambiste Francisco Mañalich, ont célébré, dans l’intimité de la chapelle, les « Trois Marie », ainsi que dans l’imaginaire hispano-américain sont nommées Alnitak, Alnilam et Mintaka, les trois étoiles qui forment le cœur de la constellation d’Orion, les trois étoiles les plus brillantes du ciel. Les trois Marie, soient Maria, la mère de Jésus, Marie Madeleine et Marie de Béthanie, que les peintres religieux représentent unies au pied de la croix.
Poétiser la démarche
Alors que bien de ses semblables enchaînent sans discontinuer les pièces musicales de leur programme, Comet Musicke les fait alterner avec de courts fragments littéraires afin, non d’expliquer la démarche, mais de la poétiser, de mettre des mots sur des idées, de laisser à l’auditeur la possibilité de se faire son propre récit, de se tisser sa propre légende ; ainsi d’un extrait du «Marie-Madeleine ou le salut» de Marguerite Yourcenar où l’auteure fait dire à la pécheresse (Marie-Madeleine) : « Au moment où les démons me quittèrent, je suis devenue la possédée de Dieu ».
Les siècles se mélangent
Matériau foisonnant dont des pans entiers restent encore à découvrir, la musique dite ancienne (ou médiévale, voire baroque) se prête de bonne grâce à la constitution d’encyclopédies thématiques. Nul puriste ne protestera si les siècles se mélangent et s’interpénètrent, si la dernière note d’une pièce de Merula sert de tremplin à un chant composé cinq siècles plus tôt par Hildegard von Bingen… Pas plus qu’il ne s’inquiétera de voir un sextuor instrumental classieux (violes de gambe, flûte, violons, cornet à bouquin) se muer instantanément en groupe vocal, tout aussi performant, a cappella !
John Dowland, Girolamo Frescobaldi, Marc-Antoine Charpentier, Henri Dumont ont été au nombre des architectes de cette «Ceinture d’Orion» mais deux jeunes compositeurs trentenaires contemporains, Christopher Gibert et Francisco Alvarado, ont fait irruption dans cette fratrie sans cesse en mouvement, le premier en « revisitant » une œuvre de Claudio Monteverdi, l’autre en travaillant dans l’esprit d’Henri Purcell… et en soulevant l’enthousiasme du public !
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